Pas de protection rapprochée pour l’immobilier

Le secteur immobilier n’est guère ménagé par Emmanuel Macron depuis sa prise de fonction. Il l’a même qualifié de rente pour mieux justifier la fausse disparition de l’ISF reconfiguré en Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI). Mais à qui profite « la rente » au final ?
Le secteur du logement est devenu une « cash machine » pour l’État. En 2017, pour 41,9 milliards d’euros déboursés, il a empoché 74,4 milliards d’euros de taxes. Bénéfice net : 32,5 milliards d’euros. Les propriétaires et les bailleurs sont les premières cibles, contribuant pour près de 30 milliards d’euros aux prélèvements. C’est… six fois plus qu’il y a trente ans !
Le plus inquiétant, c’est le profil des courbes. Quand les aides reculent légèrement (- 0,3% par rapport à 2016), le montant des taxes explose de 5,7%. Et encore, c’est sans compter sur l’IFI qui devrait rapporter au moins 1 milliard d’euros. Et à ce jour, on ne voit pas ce qui pourrait inverser les courbes.
Le gouvernement a entamé, sans même attendre la loi Elan, une cure d’amaigrissement, mettant le mouvement HLM à la diète, rognant sur le niveau des APL, resserrant les conditions d’octroi du prêt à taux zéro. La préparation du budget 2019 du ministre de la Cohésion des territoires s’inscrit dans cette volonté de réduction des dépenses. Un coup de rabot qui risque de pénaliser l’ensemble du secteur et se retourner contre l’ambition de l’exécutif d’asséner un choc d’offre à l’ensemble de la filière. Les premiers effets se font déjà sentir dans le logement neuf, où les permis de construire chutent de plus de 12% cet été.
Car, faute d’avoir lancé un véritable big-bang, l’immobilier reste englué dans un « grand bazar fiscal » comme le titrait cet été le quotidien « L’Opinion ». Pour mettre fin aux incohérences, qui peuvent aboutir à un rendement locatif négatif pour le propriétaire-bailleur qui cumule la haute tranche marginale de l’impôt sur le revenu, l’IFI et la hausse de la taxe foncière, il faut assurément changer l’état d’esprit.
Comment ? En passant d’une logique de taxation du stock à celle d’une taxation du flux. Une logique qui permettrait de débloquer la construction et la rénovation de logements, apporterait davantage de fluidité dans le parcours résidentiel des ménages, dégonflerait la pression de la demande et, in fine, permettrait de modérer les prix.
Or, si le gouvernement a bien cette volonté de faire baisser les prix du logement, il vient d’activer les armes pour faire le contraire.

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